Le Dîner Fantôme

A la maison, on a plus peur du loup que des fantômes, mais quand même, jusqu’ici, on n’était pas sûr d’avoir tellement envie que ça d’en croiser un au détour d’un couloir sombre. Mais ça, c’était avant! Parce que depuis qu’on a lu Le Dîner de Fantôme de Jacques Duquennoy, on n’a plus qu’une envie, c’est casser la croûte avec eux.

Henri vit dans un beau château, dans lequel il dispose d’une grande salle-à-manger. Autant en profiter pour inviter quelques-uns de ses amis à dîner se dit-il.

Fin gourmet et chef à ses heures, il se met en tête de leur concocter quelques-unes de ses spécialités. Seulement voilà, les fantômes ont une particularité que l’on ne leur connaissait pas jusqu’ici: tels des caméléons, leur drap prend l’apparence du mets qu’ils sont en train d’ingurgiter. Alors quand Henri sert un délicieux cocktail vert pomme à son ami que nous prénommerons Gaston…

…il verdit légèrement. Et quand il sert à ses convives de la soupe au potiron…

…la tablée prend  soudain une nette couleur Donald Trump orange.

Evidemment, la suite est à l’avenant, les hôtes dégustent saumon, salade, fromage…

… jusqu’à la surprise du chef: une succulente glace qui rend nos ectoplasmes transparents. S’en suit une délicieuse séance de vaisselle acrobatique, car les invités d’Henri sont particulièrement bien élevés, et ne sauraient laisser leur hôte se taper tout le travail après leur départ.

En dessert, après un petit café marron du plus bel effet, nos amis avalent bien heureusement un bon bol de lait bien chaud et bien blanc. Mais c’était sans compter sur la dernière facétie d’Henri, qui les rend… verts de peur!

Le Dîner Fantôme est le premier livre de Jacques Duquennoy, qui a par la suite (me dit Wikipedia) consacré de nombreux albums à ces joyeux lurons, et créé un autre personnage décliné dans de nombreux volumes, Camille la girafe. Je ne le connaissais pas du tout, mais j’ai particulièrement apprécié ce petit livre tendre, poétique, joliment loufoque, avec ce fantôme so british (qui dispose d’ailleurs d’une fort jolie vaisselle) et ses amis tout aussi délicats. C’est sobrement mis en page (des vignettes sur fond blanc légendées), mais agréablement varié. Les dessins, plutôt épurés sont très réussis, j’adore la tendresse de cette planche où les fantômes boivent leur lait. En quelques traits, on comprend comme ils savourent ce moment après un dîner si mouvementé.

Je l’ai aussi acheté car c’était un joli objet (il a une belle et large reliure en tissu jaune sur laquelle est inscrit le nom de la collection), j’aime bien son horizontalité, mais aussi, parce que c’est un livre atypique dans l’univers des livres jeunesse par son fond noir. J’imagine que cela m’a intriguée, et hop, dans le panier.

C’est une lecture idéale avant le coucher aussi bien pour le graaaaand James qui se régale à analyser les transformations, et apprécie particulièrement l’épisode d la transparence, que pour le petit Marcus qui a une approche plus terre-à-terre des fantômes (genre, il fait ouhouhouhou quand il les voit) et apprécie les visuels simples et colorés.

On recommande donc cette histoire de gentlemen fantômes pleine d’imagination, qui a en plus la vertu de nous rappeler qu’on mange aussi avec les yeux (très utile quand on rame pour faire manger des légumes par exemple – j’ai dit des légumes mais j’aurais pu dire de la mousse au chocolat du jambon du fromage fondu des légumes donc – à ses petiots). Le menu à thématique chromatique devient un jeu qui pourrait presque faire passer des tomates pour des fraises!

Le Dîner Fantôme de Jacques Duquennoy (1994) édité par Albin Michel Jeunesse dans la collection Zéphyr

PS: On participe à l’initiative « Chut, les enfants lisent » de Devine qui vient bloguer