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L’Ogre Georges et les Bonbons Roses

Dans une forêt,  il y avait un ogre.

 

Dans cette forêt, l’ogre s’appelait Georges

et il se trouva fort malheureux.

 

Dans la forêt,Georges se trouva malheureux

car il venait de perdre sa dernière dent.

Ca, c’est embêtant. Très embêtant même. Car c’est toute son identité, sa raison d’être et de vivre qui sont remises en question: sans dents, comment va-t-il bien pouvoir manger des enfants? Or, un ogre qui ne mange pas d’enfant, est-ce vraiment un ogre? Qu’est-ce qui fait l’ogre, n’est-ce pas sa capacité exceptionnelle de dévoration? Si oui, que penser d’un ogre sans dents?

"L'Ogre Georges et les bonbons roses" d'Arnaud Tiercelin et Benoît Dahan

Georges a bien conscience de ce dilemme ontologique – bien qu’il ne l’exprime pas en ces mots – et va dans un premier temps tout faire pour palier à cette carence, quitte à feindre qu’il a des dents, avec des morceaux de sucre, des arêtes de poisson. Il est très créatif, Georges. Malheureusement ces stratagèmes font vite long feu, et résigné à survivre sans crocs, Georges ne voit plus qu’une option: aller acheter de la compote au supermarché.

"L'Ogre Georges et les bonbons roses" d'Arnaud Tiercelin et Benoît Dahan

C’est bien le supermarché, on y trouve des yaourts, de la soupe en boîte, des purées lyophilisées, plein d’aliments qu’il n’est pas besoin de mâcher. Mais le problème des supermarchés, c’est que souvent… ça grouille d’enfants! Surtout au rayon bonbons! Et Georges va croiser un spécimen particulièrement appétissant… et attachant. Pire, un qui lui fait confiance, un qui n’a pas peur de lui. Faut dire qu’aussi, avec son look de rappeur de télé réalité, il est devenu rassurant, Georges. Du moins jusqu’à ce que ses dents ne repoussent.

"L'Ogre Georges et les bonbons roses" d'Arnaud Tiercelin et Benoît Dahan

Vous l’aurez compris, L’Ogre Georges et les bonbons roses est une variation sur le thème de l’ogre dévoreur d’enfants, sauf qu’au lieu d’être vaincu par les enfants, comme c’est souvent le cas dans les contes (même s’il y a toujours une paire de gnomes sacrifiés pour la bonne cause), l’ogre est ici vaincu par sa propre nature. C’en est presque métaphysique. Bon, rassurez-vous, cela reste tout à fait accessible aux petits lecteurs/ auditeurs, notamment grâce aux illustrations, très riches, et qui multiplient les angles d’attaque. Pour tout dire, ces illustrations me font totalement sortir de ma zone de confort. Moi qui prône à longueur de posts mon goût pour les univers épurés, vous aurez compris que là, je suis submergée. C’est très dense, voire foisonnant, Benoît Dahan multiplie les points d’accroche, les textures, les styles, ça grouille de références souvent très drôles d’ailleurs, comme ces différentes incarnations adoptées par Georges à chaque transformation physique, le chanteur à succès, l’acteur de cinéma, l’animateur de télévision.

Le souci du détail apporte son lot de surprises, jusque dans les recoins les plus inattendus, comme la glace « Ogren-Dazs » ou les « yogrout ». Des ponts sont sans arrêt jetés entre l’univers des contes et l’univers du petit lecteur, entre sombre caverne et néons du supermarché.

 

L’Ogre Georges et les Bonbons Roses propose donc une variation originale et surprenante sur la figure de l’ogre, un grand classique de la littérature enfantine, passé ici à la moulinette de la pop culture. A découvrir!

 

L’Ogre Georges et les Bonbons Roses d’Arnaud Tiercelin et Benoît Dahan, publié aux Editions Frimoüsse (2017)

 

PS: on participe à la chouette initiative « Chut, les enfants lisent » de Devine qui vient bloguer?

2 réflexions au sujet de « L’Ogre Georges et les Bonbons Roses »

  1. j’adore l’idée d’une histoire revisitée sur le mythe de l’ogre! Généralement je suis assez comme toi, j’aime les univers épurés… malgré tout les images m’ont l’air d’apporter beaucoup d’humour à l’écrit 🙂 merci pour la découverte!

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