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Le Facteur Doudou

Un jeune garçon peine à choisir son doudou. Faut dire que ses parents ne l’aident pas beaucoup: de vulgaires peluches, un coin de couverture, un vieux lange, une pelote de laine. N’im-por-te-quoi. Heureusement, notre jeune héros prend les choses en mains, et repère la proie idéale: le facteur.

Le-Facteur-Doudou-Ingrid-Chabbert-Stéphanie-Marchal

Le-Facteur-Doudou-Ingrid-Chabbert-Stéphanie-Marchal

Alors là, je vous arrête. Un facteur ne peut pas être un doudou, un doudou, c’est inanimé, sans quoi comment pourrait-on le triturer, voire le torturer dans tous les sens? Ben le petit bonhomme, lui ne se pose pas de questions. Et c’est peu de dire qu’il colle redoutablement aux basques de ce pauvre facteur qui n’avait rien demandé, et pourrait bien en être amené à réclamer d’être transféré au service du tri du courrier (c’est dire).

C’est un peu foutraque, un peu portanawak, mais ça tombe bien, parce que les garçons adorent ça. Niveau illustrations, on est comme qui dirait dans le registre de l’enfance de l’art, et ça colle bien aux propos, et au côté « monde parallèle de l’enfance ». D’ailleurs, l’humour très efficace de cet album repose essentiellement sur la distance abyssale entre le ressenti et les dires du petit garçon, convaincu que le facteur n’a d’yeux que pour lui, et la « réalité » que l’on devine largement dans les illustrations. On apprécie particulièrement le changement progressif d’état d’esprit du facteur, qui finira même par prendre un certain plaisir à malmener gentiment ce petit héros borderline tyrannique.

Le-Facteur-Doudou-Ingrid-Chabbert-Stéphanie-Marchal

Oups.

Les illustrations à main levée, quelques traits de contour, du noir, du gris et quatre couleurs de base, de temps à autre un motif (carreaux, pois), s’épanouissent sur ce grand beau format au papier mat et bien épais. Un album drôle et léger, qui a en plus surement des vertus thérapeutiques pour les enfants inséparables de leur doudou. Deux leçons ressortent de l’affaire: 1) L’irrationalité de cet attachement hors norme à cet objet transitoire; 2) L’interchangeabilité totale des doudous (faites confiance à vos enfants) (je vous raconte pas la fin, mais vous verrez bien).

Je ne résiste pas à vous livrer ici notre tip blogdeparent concernant les doudous. Règle n°1: pas question de laisser choisir son doudou à l’enfant. Non mais ça va pas la tête. Règle n°2: doudou acheter directement le doudou en 3 exemplaires. Et hop, fini les ennuis! Ca fait double fonction. Première fonction: 1 doudou pour la crèche, 1 doudou pour la maison, 1 doudou pour chez les grands-parents. Finis donc les « Put**n de bordel de mede, j’ai encore oublié le doudou à la crèche ». C’est pour ça qu’en ce qui me concerne, je ne jure jamais comme un charretier. Deuxième fonction: si t’en perds un, pas la peine de placarder des avis de recherches sur les murs des villes et de Facebook, tu en as deux de rechange. Ne me remerciez pas pour l’idée de génie. D’ailleurs, je la hashtague, tiens, #idéedegénie.

Merci aux éditions Frimousse pour cette belle découverte!

Le Facteur Doudou d’Ingrid Chabbert et Stéphanie Marchal, Editions Frimousse (2017)

PS: on participe à la chouette initiative « Chut, les enfants lisent » de Devine qui vient bloguer?

2 réflexions au sujet de « Le Facteur Doudou »

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